Le 25 mai, premier Conseil communal à Mouscron en présentiel depuis le début de la crise. Nous reviendrons dans les prochains jours sur quelques points qui ont animé ce très long conseil, mais il m’a semblé bon de refaire le point sur la motion que j’ai déposée en faveur d’une prise en compte des situations particulières de nos régions frontalières, dans le processus de confinement et déconfinement qui nous occupe actuellement. Cette motion, votée à l’unanimité à Mouscron, permettra d’interpeller les autorités supérieures sur notre réalité très spécifique. Le texte, rédigé avec mes collègues les députés Philippe Courard et Eddy Fontaine, a été adressé à l’ensemble des communes frontalières wallonnes. Car à Mouscron comme ailleurs, de frontière, il n’y en a plus depuis longtemps, et chacun-e a construit sa vie à cheval sur les deux pays, que ce soit au niveau de l’emploi, de la vie quotidienne, de la famille ou des relations. La fermeture ou l’ouverture d’une frontière dans nos régions ne constitue pas un enjeu touristique ou de loisirs, mais bien une entrave au cours normal de l’existence. A l’heure du déconfinement progressif, il faut en tenir compte. 

Le contenu de la motion, dans les grandes lignes, est disponible ci-dessous. Le texte complet et officiel est disponible ici: Motion Frontière 25.05

La frontière était devenue un souvenir du passé, et parfois même, la continuité urbaine ne permettait pas de distinguer à quel moment on passe dans un autre pays. La libre circulation des travailleurs, des biens et des services et enfin des personnes, c’est la réalité quotidienne des zones frontalières. Le temps a fait son office, et les citoyens ont fait exactement ce que l’on attendait d’eux : ils ont fait fi de de la frontière administrative.

Ce sont des milliers de Français et de Belges qui vivent “de l’autre côté de la frontière” ou qui passent cette frontière régulièrement pour travailler, se promener, étudier, rendre visite à leurs amis et à leurs familles… Des commerçants ont également développé une offre de biens ou de services liée à une clientèle frontalière.

Des familles sont dispersées de part et d’autre de la frontière sans que cela ne pose jamais le moindre problème. Et des couples se sont formés dans un contexte où l’union légale n’est pas la seule forme de relation de couple admise.

Le déconfinement à l’heure de la fermeture des frontières, résultats :

  • Des commerçants peuvent ouvrir mais sans leur clientèle.
  • Des couples qui sont ensemble depuis des années ne peuvent plus se voir et n’ont aucune idée de quand ils pourront se voir.
  • Des parents et leurs enfants ne se voient plus non plus. En effet, la dérogation admise concerne la visite à une personne vulnérable. Il est des membres de la famille qui ne sont pas vulnérables mais qui ont besoin de liens.

Aujourd’hui, c’est une pandémie qui a amené à la fermeture des frontières. Ceci est un exercice inédit qui en appellera peut-être d’autres (autre pandémie, attentat…). Les experts nous mettent d’ailleurs en garde face à la multiplication de ces cas à l’avenir. Autant s’y préparer en tenant compte des réalités de terrain. Si au premier obstacle de taille, les frontières s’érigent en murs infranchissables, cela mine également la croyance en une Europe unie et solidaire.

Plus de souplesse, cela permettra aux commerçants, aux entreprises d’envisager leur avenir plus sereinement et aux familles de maintenir les liens avec les personnes qui leur sont chères. L’enjeu est économique, démocratique et humain.

Nous, communes frontalières, demandons :

  • que les spécificités du tissu socio-économique et du bassin de vie des zones transfrontalières fassent parties des éléments de réflexion dans les circonstances de confinement et de déconfinement.