Deux éléments liés à l’enfance sont souvent mis en avant:

  • les mille premiers jours d’un enfant sont essentiels à son développement;
  • investir dans la lutte contre la pauvreté chez les plus petits a un impact sur le long terme.

L’accueil des enfants jusque 2 ans et demi est nécessaire. Mais il apparait également important de pouvoir assurer une variété et des formes alternatives et innovantes de cet accueil. Notamment au travers des haltes-garderies et des gardes enfants malades. Ce, pour soutenir les familles quelques heures et offrir une forme de répit aux parents seuls. Un défi encore plus vrai aujourd’hui avec la crise sanitaire et la réduction de la bulle sociale. Une situation qui impose une réduction des contacts avec les proches pour les parents isolés, comme le relayait la Ligue des familles.

Début mars, en commission tourisme et patrimoine, j’interrogeais la Ministre Valérie De Bue sur la façon dont elle envisageait le “plan de transition des infrastructures de la petite enfance” – les crèches – en Wallonie. À ce jour, il y a environ 3 places d’accueil pour 10 enfants en Wallonie. De nombreux arrondissements sont déficitaires en termes de places d’accueil. L’objectif fixé dans ce plan de transition est d’atteindre une capacité minimale d’accueil de 33 places subventionnées par commune.

Crèches | Un plan de construction et rénovation

Ce plan de transition se ferait selon une fiche rédigée par le cabinet De Bue, en étroite collaboration avec le cabinet de Bénédicte Linard, Ministre de l’Enfance. Le contenu de cette fiche de transition est lié au plan éco-crèche à la Fédération Wallonie-Bruxelles. L’objectif est d’utiliser les infrastructures rénovées ou construites de façon durable. La Ministre a cependant reconnu que les négociateurs n’avaient pas prévu un nombre de places précis ni de budget pour étendre l’offre.

Cette fiche de transition présente deux axes :

  • Axe de construction de nouvelles places d’accueil: Pour arriver à atteindre l’objectif minimal de 33 places subventionnées pour chaque commune, il faudrait ajouter 7010 places supplémentaires en Wallonie. L’ambition de la fiche vise la moitié de ce nombre, soit 3505 places subventionnées, dans une première phase. En plus de cette offre, il faut ajouter une offre non-subventionnée de sorte à ce qu’il y est 50 places pour 100 enfants âgés de 0 à 2 ans et demi. L’ambition actuelle vise ici un tiers du nombre nécessaire en première phase.
  • Axe de rénovation des infrastructures existantes: À ce jour, 12 000 places n’ont pas été rénovées. L’ambition de cet axe et d’en rénover la moitié (6000 donc) via des contrats de performances énergétiques. La Ministre a avoué qu’ils en étaient encore aux prémices de réflexion de la rénovation.

Un cadastre des infrastructures

Ces deux axes seront réalisés en deux temps :

  • Dans un premier temps, il s’agira d’établir un cadastre des infrastructures de la petite enfance dans le but de :
    • Obtenir une photographie de l’état actuel des infrastructures
    • Identifier et prioriser les investissements à effectuer pour la remise à niveau des infrastructures de la petite enfance (performance énergétique, sécurité, confort et respect des normes ONE)
    • Identifier le budget nécessaire globalement et par phase
    • Permettre un monitoring actualisé des infrastructures
    • Programmer les investissements nécessaires pour maintenir les infrastructures en état
  • Dans un second temps, il s’agira d’effectuer les travaux afin d’amener les infrastructures de la petite enfance aux objectifs régionaux (notamment, au niveau de la performance énergétique).

Une concertation avec tous les acteurs concernés

La Ministre a affirmé que ces opérations se feraient en concertation large des parties prenantes. Cabinets ministériels concernés, fédérations professionnelles, acteurs associatifs et de la société civile et experts ont été ou seront consultés. La Déclaration de Politique Régionale (DPR)  fixera par ailleurs un cadastre des bâtiments publics. Ainsi qu’un plan d’isolation sur dix ans incluant les crèches. Le gouvernement veillera également à ce que le choix d’implantation des équipements publics soient situés dans et/ou à proximité des noyaux d’habitants existants, ruraux ou urbains. La Déclaration de Politique Communautaire (DPC) assurera la réforme des milieux d’accueil en collaboration avec les régions. Elle fixera un taux de couverture minimum des places d’accueil dans toutes les communes.


Quels sont les arrondissements déficitaires en terme de places d’accueil ?

En ce qui concerne les informations actualisées sur les arrondissements déficitaires en terme de place d’accueil, la Ministre n’a pas su répondre dans le cadre d’une question orale. J’ai donc été invitée à consulter le rapport des activités de l’ONE. Néanmoins, on a tout pu tout de même m’indiquer quels étaient les arrondissements les plus déficitaires au niveau des places subventionnées :

  • La Louvière : 19,8% de déficit (le déficit le plus élevé au 31 décembre 2019)
  • Virton : 20,4% de déficit
  • Liège : 22,6% de déficit
  • Philippeville : 24,2% de déficit
  • Charleroi : 24,6% de déficit
  • Soignies : 25% de déficit
  • Arlon : 25,4% de déficit
  • Verviers : 27% de déficit

Bien entendu, ces chiffres cachent des réalités communales différentes. Il faut donc réfléchir la répartition des places au départ des taux de couverture des communes.

“Un beau projet”

La Ministre De Bue nous a assurés son intérêt et son volontarisme, mais aussi celui de tous les partenaires qu’elle a rencontrés. Elle décrit le plan comme « un beau projet ».

Etape importante: il faut que l’Union Européenne retienne ce projet dans son plan de résilience et de relance. D’autres échanges avec les commissions ainsi que des négociations sont encore en cours. La décision sera prise au mois de mai.

De beaux arguments:

  • Tous les travaux seront réalisés avec une majorité d’éco-matériaux d’origine locale à circuit-court, naturels et/ou renouvelables dans l’optique de respecter le pacte vert ainsi que la politique économique d’investissements dans des infrastructures durables.
  • Ce plan de transition aura aussi un impact positif sur le maintien des femmes sur le marché du travail par l’augmentation du taux d’emploi et de demandes d’emploi des personnes formées dans le secteur de la petite enfance. En outre, il permet engendre également la création d’emploi dans le domaine de la construction.
  • La digitalisation du secteur de la petite enfance participera, quant à elle, à une digitalisation des pouvoirs publics renforçant leur résilience ainsi que leur efficience.
  • Enfin, ce projet participera à la reprise économique et à la transition écologique et numérique

“L’accueil des enfants représente un véritable défi pour les parents, particulièrement les familles monoparentales, lorsqu’il s’agit de concilier recherche d’un emploi et, plus largement, vie privée et vie professionnelle.  Il faut parfois attendre 12 à 15 mois pour avoir une place en crèche, ce qui implique de devoir chercher une place avant même que l’enfant ne soit “en cours de route”. Je resterai donc très attentive et interrogerai la Ministre de la Petite enfance, Bénédicte Linard, sur les sujets qui la concernent.”

Fatima Ahallouch