L’art de rue n’a pas de réelle place dans notre ville, et c’est regrettable. J’interpellais la Ville de Mouscron ce lundi 31 août 2020 au nom du groupe PS, quant à divers projets artistiques avortés à Mouscron, en raison d’un refus des autorités communales. Il est l’heure de donner une vraie place aux artistes de rue, et un cadre clair quant à ce qui est autorisé ou non, où, et à quelle condition. Vous trouverez ci-dessous mon intervention.

Il y a quelques jours, j’apprenais par les réseaux sociaux que le Collège avait remis une réponse défavorable pour un projet street art initié par la Frégate. A défaut de pouvoir développer des fresques de grande ampleur, la maison de jeunes, qui travaille avec différents artistes de qualité, a sollicité les habitants du quartier pour mettre en couleur une brique par habitation… Malgré l’engouement et l’accord des habitants, la Ville a refusé ce projet.

Il y a quelques mois, j’avais également soumis une demande pour réaliser une fresque sur un mur privé, ce qui a également été refusé. Cette demande était accompagnée des détails concernant l’artiste et son travail, des informations pratiques et des photos des lieux. Ce n’est pourtant pas le covid qui a eu raison de ce projet, mais bien le refus de la Ville de Mouscron. La raison évoquée : l’œuvre est considérée comme un « support publicitaire » puisque, je cite la lettre reçue, elle « est destinée à attirer l’attention du public». Doit-on comprendre que la Ville de Mouscron considère tout objet destiné à attirer l’attention du public comme “publicitaire” ?

J’avoue ne pas comprendre. Ces oeuvres sont là pour dynamiser, améliorer l’aspect de la ville, donner vie à des espaces, donner l’occasion de rencontres et d’étonnement et également soutenir nos artistes. On ne parle pas de ‘tags sauvages” mais bien d’oeuvres artistique et/ou citoyenne. On peut discuter des thèmes à mettre en evidence, du respect d’un cadre reglementaire concerté, qui permette de garder une cohérence, tout en respectant la liberté de l’artiste. Bref, tout est possible, mais un refus catégorique, ca ne va pas.

Dans notre cas, nous avions discuté avec l’artiste d’un projet floral, où figurerait éventuellement un personnage, et dans l’esprit de ce qu’il avait déjà réalisé lors d’un projet « Street Art » validé par la Ville, et qui est une réussite. Mais il semblerait qu’il s’agissait d’un one shot et qu’il n’y a pas de volonté d’établir une politique en la matière. Tout cela m’amène à mes questions : qu’est-ce qui est autorisé ? Que peut-on peindre ou afficher, et à quelles conditions ? Un artiste ou un collectif d’artistes peut-il peindre par exemple une fleur sur un mur ou cela serait-elle également « publicitaire » ?

Plus largement, ne serait-il pas temps de donner une vraie place au « street art », via des murs d’expression libre ou autres initiatives ? Mouscron compte plusieurs artistes de talent, et de nombreux jeunes gens intéressés par ces formes d’art. Nous savons que l’équipe de La Frégate est très impliquée dans ces mouvements, mais n’a pas toutes les facilités pour développer ses projets.

Nous ne pouvons pas, à Mouscron, continuer d’ignorer ces artistes et mouvements. D’autres villes, citons Gand qui en est l’un des meilleurs exemples, offrent des espaces d’expressions, des plateformes/locaux consacrées au graffiti ou à l’art de rue en général, des bâtiments réaffectés pour cette cause, des podiums pour les artistes. Ce qui crée un dynamisme et une créativité dont nous manquons ici. Les villes de Mons, Ostende ou encore oui, ont pris cette initiative. Pourrait-on envisager des choses similaires à Mouscron,  encourager et accompagner, et évidemment garantir l’autonomie de l’artiste qu’il ne faut pas confondre avec un peintre en bâtiment ?

Nous n’avons pas pu obtenir de réponse satisfaisante quant à l’amalgame fait entre “oeuvre” et “support publicitaire”, et il s’agirait peut-être d’un imbroglio administratif. Nous avons relancé les services concernés à ce sujet.

Nous avons toutefois appris qu’effectivement, la réalisation d’une fresque murale donne lieu à l’octroi d’un permis d’urbanisme pour modification de façade. La réalisation concrète d’un tel projet est alors soumis à des règles d’urbanisme strictes, qu’il serait selon nous temps d’assouplir. L’espoir est toutefois permis, puisque Laurent Harduin, échevin de la culture, a manifesté son intérêt et envisage de développer une cellule “Street-art” au sein du centre culturel, en partenariat avec de nombreux artistes, acteurs locaux et particulièrement La Frégate. Un projet créatif le long de la Route de la Laine est également à l’étude. Nous espérons que l’autonomie et la créativité des uns et des autres sera garantie, et nous resterons attentifs au développement de ces projets.

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