La lutte contre les violences conjugales, sexuelles et intrafamiliales est plus que jamais d’actualité. Les différentes périodes de confinement ont généré des tensions et frustrations dans de nombreux foyers, et ont potentiellement accru les violences. Les acteurs de terrain, et les victimes, sont nombreux à en témoigner.

Récemment, l’asbl mouscronnoise « De Maux à Mots », que nous soutenons, a lancé une campagne choc intitulée « Et toi, t’as conscience ? ». Cette campagne se traduit notamment par la réalisation d’une capsule vidéo de 8 minutes, où des citoyens et citoyennes de Mouscron et sa région lisent, à tour de rôle, les récits de victimes de violences. Tous ces récits sont vrais, et se sont produits chez nous. Tous ont été recueillis dans le cadre de groupes de parole. Ils sont glaçants. L’initiative permet de rappeler qu’il faut garder un œil ouvert, en permanence, sur les signaux donnés par des personnes en difficulté. Notre silence tue, quand notre parole peut sauver une vie.

La vidéo

La campagne rappelle par ailleurs que 69% des victimes préfèrent ne pas se rendre à la police pour parler de leur agression. Un taux impressionnant, qui indique que les chiffres connus sont bien en-deçà des réalités. Là encore, un véritable travail de mise en confiance et d’accueil adéquat des victimes doit être réalisé. Nous plaidons pour un renforcement des formations et de la sensibilisation à ces thèmes délicats.

Quelques rappels :

  • Les violences à l’égard des femmes sont et ont toujours été un problème de santé publique majeur. Les chiffres sont là, quand les victimes osent dénoncer. En Wallonie par exemple, 15 000 plaintes pour violences conjugales ont été déposées en 2016. Cela fait 40 plaintes par jour. La moitié de ces plaintes concernaient des violences physiques.
  • En Wallonie toujours, 1000 plaintes pour viol sont déposées chaque année. Cela veut dire 3 par jour. Quand on sait que seulement une femme sur 6 ose s’adresser à la police, la vérité c’est qu’on arrive à 18 viols par jour. Plus de 6000 par an. Une fois sur deux cela concerne une mineure.
Tendre la main aux victimes

Plus que jamais, en ces temps compliqués, il faut tendre la main à toutes les victimes. Ceci est d’autant plus vrai au niveau communal. Lors du dernier comité d’accompagnement du plan de cohésion sociale, nous avons plaidé pour la création d’une plateforme efficace de lutte contre les violences intrafamiliales. Les asbl actives sur cette problématique étaient également demandeuses. La requête a été validée, nous ne pouvons que nous en réjouir. Nous espérons voir naître un véritable espace d’écoute, créé en concertation avec les acteurs qui oeuvrent déjà pour cette cause.

La Belgique a ratifié le traité de la Convention d’Istanbul le 14 mars 2016 et il est entré en vigueur le 1er juillet de la même année. C’est le premier instrument juridiquement contraignant de protection contre toute forme de violence à l’égard des femmes et des filles, notamment contre la violence domestique. Parmi ses 81 articles, la Convention d’Istanbul détermine plusieurs mesures d’action concrètes, qui vont de la formation des forces de l’ordre et des agent-e-s des administrations publiques, à la mise en place d’espaces sécurisés pour les victimes et les enfants, la création de services de soutien spécialisés, comprenant une aide juridique et une assistance financière, la coopération entre les différents services… A Mouscron comme ailleurs, il est temps de s’y atteler.

T’as conscience ?

(Cet article est paru dans le magazine Vivre dans ma Ville,décembre 2020.)