Au début du mois de décembre 2020, les équipes de la Région wallonne ont fait une découverte archéologique exceptionnelle dans le zoning de Tournai : deux habitations datant de l’âge du Bronze. Le site compte en outre de nombreux objets tels que des graines fossilisées, des réseaux de fossés, des trous de poteaux, des fosses de rejet, des puits, des silos, etc. Il s’agit là d’un des plus vastes sites protohistoriques de Belgique !

On peut y retrouver des enclos circulaires et des sépultures ainsi que des zones domestiques, avec notamment une ferme du second Âge du fer. Ces vestiges semblent dater de la fin de l’Âge du Bronze (entre 2000 à 750 avant JC). Ils comptent au moins deux bâtiments, des fosses détritiques ainsi que des silos contenant encore des graines et des traces d’artisanat. Trouver des traces d’habitations datant de cette période est extrêmement rare. Cette découverte permettra donc d’analyser les types de constructions de l’époque et tout ce qui les entoure. Les traces retrouvées sont dites « négatives ». Ce qui signifie qu’on ne peut voir que de légères colorations dans le sol. Ces colorations permettent d’avoir des indices de ce qu’il y avait avant. Ces traces négatives sont dues au fait que les matériaux utilisés à l’époque sont périssables.

“Diagnostic archéologique” en cours

Depuis le début de l’année 2018, le site est soumis à un diagnostic archéologique. Les recherches seront terminées pour le mois de mars 2021. Les parcelles ayant révélé une occupation dense feront, quant à elles, l’objet d’une fouille plus approfondie.

Ces fouilles s’inscrivent dans le cadre législatif prévu dans le Code du Patrimoine (CoPat). Celui-ci permet à l’autorité compétente d’exécuter des opérations archéologiques notamment lorsque les aménagements prévus concernent une superficie égale et supérieure à un hectare. Étant donné que ces recherches ont lieu sur des superficies assez grandes et dans des délais impartis, les équipes de l’AWaP sont secondées par les équipes externes de l’ASBL Recherches et Prospections archéologiques.

Une fois la fouille terminée, nous nous trouverons en mesure de savoir à quoi ressemblait la vie sociale et économique de cette partie de la Wallonie picarde sur une période de 2000 ans avant la conquête romaine. Nous serons également capables de comprendre comment on exploitait un paysage et une région à cette époque. Par exemple, les archéologues ont retrouvé un moule en terre cuite qui permettait de façonner des objets en métal, vraisemblablement en bronze.

En ce qui concerne les fouilles préventives sur les terrains restants, elles ne sont pas encore programmées car elles dépendent du planning général d’IDETA (l’Agence de Développement Territorial) et de la disponibilité du personnel de fouille.

Que vont devenir ces découvertes?

Une question demeure donc : « Comment ces fouilles et le résultat des découvertes seront-ils conservés et mis en valeur ? ». C’est la question que j’ai posée à Valérie De Bue, Ministre du Patrimoine.

Pour officialiser ces fouilles, des protocoles d’accords sont signés entre l’intercommunale IDETA (qui propose du matériel aux archéologues) et l’AWaP. Ces accords définissent les droits et obligations de chacun, la passation des objets découverts ainsi que les modalités des interventions. Selon ces accords, les objets découverts deviendront la propriété de l’AWaP qui se chargera de les étudier, de les conserver et de les mettre en valeur. Pour le moment, nous n’avons pas plus d’informations quant à l’avenir de ces objets mais cela ne saurait tarder une fois les recherches terminées.