Mouscron, ville comptant près de 60 000 habitants, se retrouve aujourd’hui avec une offre d’enseignement supérieur de plein exercice qui se limite à une formation en soins infirmiers. Or, alors que la Wallonie affiche un taux moyen de diplomation de 24 %, ce taux atteint seulement 18 % à Mouscron et 15 % à Comines, la ville la plus proche. N’est-il pas temps de prendre des mesures à ce sujet, ou au moins d’analyser la situation? Fatima Ahallouch a interrogé à ce sujet Valérie Glatigny, ministre de l’Enseignement supérieur et de l’Enseignement de promotion sociale. Elle a également visité l’IEPS, école de promotion sociale à Mouscron, afin de mieux appréhender cette réalité.

À la suite du déménagement de  la Haute École provinciale de Hainaut-Condorcet, Mouscron se retrouve avec une offre d’enseignement supérieur de plein exercice qui se limite à une formation d’infirmier-e. Alors que la Wallonie affiche un taux moyen de diplomation de 24 %, ce taux atteint seulement 18 % à Mouscron et 15 % à Comines. La Déclaration de politique communautaire (DPC) prévoit le développement de l’enseignement supérieur dans les zones où l’offre est la plus faible. Quelles sont les régions de la Fédération Wallonie-Bruxelles qui sont concernées ? Concernant la situation mouscronnoise en particulier, qu’en est-il?

Réponse de Mme Valérie Glatigny :D’une part, le conseil d’administration de l’ARES (Académie de recherche et d’enseignement supérieur) a décidé d’établir un moratoire de deux ans sur le dépôt de demandes de nouvelles habilitations, ce qui empêche toute nouvelle demande jusqu’au 31 décembre 2020. L’habilitation est le droit accordé à un établissement d’organiser une formation initiale sur un territoire donné. Ainsi, il est impossible, à l’heure actuelle, de développer une nouvelle offre de formation d’enseignement supérieur nécessitant une nouvelle habilitation. L’ouverture de nouvelles formations initiales, sous réserve d’approbation des demandes préalables, ne pourra donc avoir lieu avant la rentrée académique de 2021.“*

Et la ministre de rappeler que d’autre part, rien n’empêche les établissements d’enseignement supérieur de développer une offre de formation continue, c’est-à-dire des formations non diplômantes, ce qui permettrait, par exemple, de répondre aux besoins d’enseignement supérieur de certaines régions. “Il existe une offre de formations de proximité qui peut répondre en partie aux besoins de la région de Mouscron. Chaque parcelle du territoire de la Fédération Wallonie-Bruxelles ne pourra malheureusement pas bénéficier d’une offre de formations d’enseignement supérieur. En raison de la petite taille de ce territoire, les distances à couvrir pour accéder à une formation sont assez courtes.”

La distance est un obstacle

Des études indiquent toutefois que plus le lieu d’enseignement est éloigné du domicile, plus les étudiants sont réticents à s’y rendre, particulièrement lorsqu’ils sont issus de milieux plus modestes. “Lorsque j’étais enseignante dans l’enseignement secondaire supérieur à Comines et à Mouscron, l’une de mes tâches principales consistait à motiver les élèves à poursuivre leurs études. Or, bien souvent, le seul déplacement de Comines à Tournai était déjà problématique. Je souhaite donc que nous abordions la situation de manière objective.”

Ainsi que l’a rétorqué Fatima Ahallouch, chacun est bien conscient que l’offre de formations d’enseignement supérieur ne peut pas être développée partout. “Il va de soi qu’un établissement d’enseignement supérieur ne peut pas apparaître comme par magie; néanmoins, la bonne nouvelle est que le moratoire de l’ARES prendra fin en décembre 2020. Il ne s’agit pas de régionaliser à outrance l’enseignement supérieur, mais si des arguments en faveur ou en défaveur du maintien d’une offre de formation existent, nous devons en tenir compte.”

 

Lorsque j’étais enseignante dans l’enseignement secondaire supérieur à Comines et à Mouscron, l’une de mes tâches principales consistait à motiver les élèves à poursuivre leurs études. Or, bien souvent, le seul déplacement de Comines à Tournai était déjà problématique.

 

Pour joindre la théorie à la pratique, Fatima Ahallouch s’est rendue dans la foulée à l’IEPS, Institut d’enseignement de Promotion sociale, à Mouscron. Une rencontre avec le directeur, M. Lassoie, lui a permis de se faire une idée plus claire de la situation de cette école, qui offre des formations dans des domaines varié: assistant-e vétérinaire pédicure medicale, aide soignant-e, auxiliaire de l’enfance, mais aussi un certiticat d’aptitude pedagogique, une formation en langues des signes…. A cela s’ajoute un cursus qui donne accès à un diplôme d’enseignement supérieur dans les branches suivantes : informatique de gestion et comptabilité.

 


*Ce moratoire n’est pas absolu; l’ARES a déterminé une série d’exceptions, notamment dans le cas où une contrainte externe imposerait l’ouverture d’un cursus, par exemple dans le domaine de la santé ou dans le cadre de la réforme de la formation initiale des enseignants. Le conseil d’administration de l’ARES, profitant de ce moratoire, a aussi confié à un groupe de travail une mission de réflexion sur l’analyse des demandes d’habilitation en regard des besoins en Fédération Wallonie-Bruxelles. Cette réflexion vaut également pour les formations diplômantes de l’enseignement supérieur.