Dans le cadre de l’exposition « Le droit de vivre – L’histoire de la sécurité sociale », le musée de Folklore vie frontalière de Mouscron a organisé une conférence ce jeudi 21 avril. Celle-ci a été présentée par Claudine Marissal et Véronique Van de Voorde. Claudine Marissal est une historienne de l’Université libre de Bruxelles (ULB) et attachée au Centre d’archives et de recherches pour l’histoire des femmes. Tandis que Véronique Van de Voorde est conservatrice au musée de Folklore vie frontalière de Mouscron, mais aussi présidente de la Commission des patrimoines culturels.

Exposition Le droit de vivre – L’histoire de la sécurité sociale

Pour rappel l’exposition temporaire Le droit de vivre – L’histoire de la sécurité sociale est présente au musée de Folklore en accès libre depuis le 9 avril et y restera jusqu’au 24. Elle est organisée par PAC Mouscron, le CEPAG et la FGTB Wallonie Picarde. C’est le dessinateur Harald Franssen qui en est à l’initiative suite à l’écriture de sa BD Un cœur en commun, la belge histoire de la sécurité sociale.

L’exposition est faite pour comprendre la genèse de la sécurité sociale en prenant pour point de départ le moment où il n’y avait rien. C’est le début de la révolution industrielle, les conditions de vie sont extrêmement difficiles. Les ouvriers sont exploités, sous-payés, abusés, déshumanisés… Mais face à ces injustices, le collectif a pris le dessus. Les exploitées et exploités ont commencé à s’organiser pour imaginer une façon de (sur)vivre ensemble. Loin d’un parcours « classique » où l’on découvre une succession de panneaux, l’exposition, par sa forme et sa structure, invite d’emblée au voyage dans les origines de la Sécurité sociale.

« Des combats et des rêves – l’avènement de la sécurité sociale en Belgique »

Cet exposé de Claudine Marissal nous amène à découvrir et comprendre les mécanismes qui sont développés pour arriver à la sécurité sociale. C’est une époque caractérisée par l’importance de l’industrie textile, de la métallurgie et du charbon. Une grande partie de la population était dans la misère, il y avait une détresse sociale immense.

« Les patrons ont tous les droits, les ouvriers n’en ont aucun »

Les travailleurs n’avaient aucun droit : pas le droit de vote, pas le droit de protester. Il n’existait pas de règlement. Les patrons faisaient comme ils voulaient. Jusqu’au XIXe siècle, les ouvriers doivent obéissance aux patrons.

Les conditions de vie et de travail sont extrêmement dures. Les populations travaillent énormément, entre 14 et 16 heures par jour. En plus de cela, le travail se fait dans le bruit assourdissant des machines, avec des risques d’accidents de travail. Les logements personnels sont insalubres et surpeuplés avec des conditions d’hygiènes déplorables où maladie et infections se côtoient. Rares sont les ouvriers qui dénoncent ces conditions parce qu’ils risquent la prison ferme.

L’état n’intervient pas et rend les ouvriers responsables de ces conditions de vie. En cas de besoin et de grande nécessité, des secours peuvent être portés, mais ponctuellement. Il ne faudrait pas que les populations s’y habituent… Petit à petit, le monde du travail s’organise. Les travailleurs ont la possibilité de cotiser de manière volontaire à des caisses d’entraide qui interviennent en cas de coup dur. Bien sûr, les femmes sont longtemps restées exclues de tous ces systèmes de cotisation. Le peu d’actions existantes est insuffisant pour combattre la pauvreté. En 1886, le Parti Ouvrier Belge (POB) est créé. Son but est de protéger les ouvriers et de changer les lois. Il jouera un rôle fondamental. Suite à une émeute ouvrière, la Belgique adopte les lois sociales de 1887 à 1914.

« Une justice sociale, une paix universelle »

La période des guerres mondiales est difficile. La Belgique est dévastée. L’entre-deux-guerres reste quand même une période de progrès social avec notamment la naissance du droit social jusqu’à la crise de 1929. Malheureusement, en 1930, le chômage explose. Les ouvriers sont en grève. Ils vivent une misère profonde. À la fin de la Deuxième Guerre mondiale, différents groupes se réunissent et continuent les négociations pour les lois sociales. Patron, hommes politiques et socialiste s’unissent. Ils veulent une justice sociale et un partage des richesses. C’est la naissance de l’ONSS.

Le système de 1944 connait des imperfections, mais il y a une prospérité partagée et une amélioration des droits sociaux jusque dans les années 70. Cette année-là, c’est la crise pétrolière. Le chômage explose de nouveau. Il y a une remise en cause du système social.

Malgré les hauts et les bas dus à des évènements historiques, la Belgique a su se relever. Aujourd’hui encore, la protection sociale est un miracle. C’est un outil pour lutter contre les inégalités. Elle a formé un rempart contre la misère.

« De la bienfaisance aux cotisations sociales – Exemple de Mouscron au cœur de la solidarité »

Dans son exposé, Véronique Van de Voorde présente différents documents tirés des archives du musée de Folklore lié aux lois sociales. Par exemple la cotisation des retraites, les coopératives, les syndicats, la lutte contre les accidents de travail, les allocations familiales…

Elle a notamment présenté Marcel Sonneville, un Mouscronnois qui est arrivé au sommet de l’ONSS. Il arrête ses études à l’âge de 14 ans et devient porteur de pain. Par la suite, il fera des cours du soir afin de devenir ouvrier dans le bâtiment, puis employé au syndicat. Pendant la guerre, il entre dans la résistante et rencontre des personnalités importantes. Après cette période difficile, il devient directeur de l’ONSS et termine sa carrière comme Administrateur général.

En bref, pour découvrir ou redécouvrir l’histoire de la sécurité sociale en Belgique, mais aussi celle de Mouscron, l’exposition est au musée de Folklore vie frontalière jusqu’au 24 avril.