Cuisines de Fedasil: un refus consternant, des arguments honteux
C’est avec consternation que nous avons pris connaissance du refus du permis d’urbanisme pour les cuisines de Fedasil. Rappel en quelques mots: il s’agissait d’implanter sur le site des “containers” qui serviraient de cuisines pour les résidents. Aujourd’hui en effet, le Refuge ne dispose pas de ses propres cuisines, et les habitants mangent des plats qui leur sont amenés “tout prêts”.
Ce projet a donc été refusé suite à une enquête publique où une cinquantaine d’avis négatifs ont été récoltés. Les avis postitifs n’ont pas été pris en compte. Les autorités communales ont retranscrit, dans leur réponse, les arguments négatifs récoltés lors de l’enquête publique. Certains d’entre eux sont sont tout simplement honteux, et en rien factuels. Alain Leroy a interpellé le Conseil communal à ce sujet. Vous trouverez ci-dessous l’essentiel de cette interpellation.
“Tout d’abord, nous tenons bien sûr à rappeler qu’il est primordial de veiller à la quiétude des riverains. C’est une priorité absolue. Nous le disons avec force mais nous aurions apprécié que ce refus repose sur des faits. Or, à l’exception de l’accessibilité PMR pour laquelle une solution est sur la table, les arguments que vous utilisez ne sont pas urbanistiques. Alors comment faut-il les qualifier ?”
- En quoi le fait que « des Mouscronnois aimeraient bénéficier de tels égards » est-il un argument ? C’est à vous d’y répondre, par votre politique sociale.
- Vous évoquez le coût d’une telle mesure. En quoi est-ce un argument ? C’est Fedasil qui finance son installation. Il s’agit d’un budget fédéral qui est le résultat d’un accord de gouvernement. Les finances communales ne sont pas du tout concernées et vous le savez.
- Enfin, nous avons été choqués par l’expression, « céder aux caprices des migrants ». C’est une approche bien condescendante de parler de caprice, comme s’il s’agissait d’enfants.
“Je trouve osé de parler de caprice pour des personnes qui vivent une grande détresse. Elles ont dû surmonter bien des obstacles, violences, drames avant d’arriver ici. Je vous recommande vivement le documentaire « Je n’aime plus la mer. ». Il suit les parcours d’enfants dans un centre de demandeurs d’asile dans la région de Liège. J’ose croire que vous verriez la mise en place de projets, non pas comme des caprices, mais bien comme de l’humanité tout simplement. Une humanité qui fait le pari de traiter les personnes avec dignité quelle que soit leur situation. Sans oublier l’apport culturel que ces gens peuvent partager.”
Notons par ailleurs que d’autres centres de demandeurs d’asile disposent de ce type d’infrastructures en Belgique sans que cela n’ait provoqué de tels remous.
“Quant à la forme, dans un contexte où la lutte contre les fake news traverse notre société toute entière, vous y prenez part en reprenant des éléments tendancieux comme une position publique officielle, sans aucune analyse critique. Ne pensez-vous pas que votre rôle est à minima, de ne pas diffuser de propos haineux et xénophobes de certains riverains ?”
Le pari de la nuance?
Dans le dernier magazine « Vivre dans ma ville », nous avions rédigé un texte précisément sur ce thème en faisant “le pari de la nuance”, exercice bien plus difficile que de rester dans ses certitudes. Visiblement, le pari est manqué et nous regrettons qu’il le soit avec vous, représentants de l’autorité publique. Mettre en concurrence les publics voire les détresses, cela n’a pas sa place dans une assemblée démocratique digne de ce nom. Nous plaidons pour une vie digne pour toutes et tous.
Des cuisines à l’intérieur?
Le collège, via la bourgmestre Brigitte Aubert, indique “n’avoir évidemment pas repris à son compte les observations haineuses et racistes, mais ne pas pouvoir rester sourd aux craintes et à l’exaspération des riverains”. Nous contestons cela, car la liste de propos nauséabonds figure bel et bien dans les “considérant” qui motivent la position du Collège.
Quoi qu’il en soit, l’objectif est maintenant de travailler, entre autres avec la zone de secours pour aménager des cuisines à l’intérieur du bâtiment du Refuge, et non dans des containers. Nous resterons évidemment attentifs à ce dossier, et continuerons de dénoncer toute attitude raciste ou xénophobe, d’où qu’elle vienne.