J’interrogeais récemment Elio Di Rupo, Ministre-Président du Gouvernement wallon, sur l’accord entre l’Union européenne et le MERCOSUR. En effet, en janvier dernier, j’avais rencontré une délégation d’Indiens d’Amazonie. Ces derniers nous avaient alors remis une pétition, via Amnesty International pour que l’on puisse veiller au respect des droits humains dans l’accord MERCOSUR. Il y a quelques jours, une autre ONG, Greenpeace, a révélé les aspects environnementaux de cet accord. Des aspects pas suffisamment valorisés.

Il s’avère que la lutte pour le climat et la biodiversité n’y apparaissent pas comme des éléments essentiels. Cela ne veut pas dire que ces éléments n’y apparaissent pas. Mais ils ne sont pas clairement repris sous le statut d'”élément essentiel” comme le sont par exemple les principes démocratiques. Cela ne leur permet pas d’être utilisés comme leviers et comme clauses suspensives, le cas échéant. Enfin, ce n’est pas repris non plus comme “principe directeur” comme l’est le développement social et économique. Le climat et la biodiversité sont “relégués” dans les objectifs politiques légitimes et c’est à chaque partie de réguler cet aspect.

Ce qui manque, c’est un engagement contraignant en termes de climat et de biodiversité.

Ce qui m’interpelle particulièrement, c’est le manque de transparence dans ce type de données. Que l’on apprenne cela via une fuite de Greenpeace, cela pose vraiment question. Cet accord concerne plus de 700 millions de personnes. Ces lacunes posent une question démocratique essentielle à mon sens. Cela jette encore un peu plus de suspicion sur cet accord.

“Monsieur le Ministre-Président, avez-vous pris connaissance du contenu de cette révélation ? Pouvez-vous confirmer la position d’un refus ferme de la Wallonie quant au texte actuel?”

Une position claire

La réponse d’Elio Di Rupo confirme la position de la Wallonie. “Quelques jours avant la publication des éléments par Greenpeace, un rapport a été présenté à l’Assemblée nationale française sur la relation avec le MERCOSUR. Les conclusions sont celles que l’on connaît, c’est-à-dire que, notamment sur les droits environnementaux et la lutte contre le réchauffement climatique, il y a des difficultés. La chancelière allemande, Angela Merkel, a récemment annoncé que l’Allemagne, qui exerce actuellement la présidence tournante de l’Union, n’avait pas l’intention de faire procéder à la ratification en novembre, comme cela avait été annoncé. Pour notre part, rien de nouveau, vous connaissez la position du Gouvernement à cet égard, et je pense du Parlement : nous nous opposons à la ratification de l’accord compte tenu de ses faiblesses, non seulement sur les plans climatique et environnemental, mais également pour des raisons de droits de l’homme, des droits sociaux, des droits syndicaux et des enjeux pour l’agriculture wallonne.