Cet été – le plus pluvieux depuis 1833, nous dit-on – a bien entendu été marqué par les inondations massives qui ont touché plusieurs régions de notre pays. C’est avec effroi que nous avons toutes et tous constaté les dégâts occasionnés par les flots. Et malheureusement, compté avec angoisse le nombre de victimes. Tout cela, si proche de nous. Parallèlement, ailleurs dans le monde, des catastrophes naturelles se succèdent, entre glissements de terrain, périodes de canicules et incendies. Des terres brûlent encore à l’heure d’écrire ces lignes. Prouvant au passage, s’il le fallait, que les changements climatiques ne sont pas un mythe.

Temps de changer radicalement

Le récent rapport du GIEC ne nous dit pas autre chose : il est temps, plus que temps, de changer notre façon de vivre, radicalement. Un monde plus social ne pourra naître sans une prise de conscience fondamentale de cette nécessité.

Dans le malheur, on a vu poindre de belles initiatives solidaires. En quelques jours, nos concitoyens et concitoyennes ont organisé collectes et dons. Des camions entiers de vivres, vêtements, mobilier ont pris la route à destination des zones sinistrées. A Mouscron, le parti socialiste a initié le mouvement, et récolté des centaines de sacs de dons. Un élan solidaire spontané, essentiel, incroyable. Salvateur, aussi, dans la période trouble et anxiogène que nous n’en finissons plus de connaître.

Un monde qui va trop vite

« Notre monde est à la fois catastrophique, apocalyptique et merveilleux. Tout va plus vite, tout est plus enrichissant, et tout est plus dramatique. » Cette citation nous vient du philosophe Paul Virilio. Il évoque par là, notamment, la tyrannie de la vitesse dans la perception du monde. La vitesse efface la distance, au sens propre comme au figuré. Aujourd’hui, dans la vie réelle comme sur internet, c’est l’immédiateté qui prévaut. Immédiateté de l’information, de la désinformation, de la réaction. Le sens démocratique et le vrai débat public disparaissent face à cette dictature de l’émotionnel et de l’instantané. L’irrationnel, l’irréfléchi, prennent le pas sur le pondéré, sur le mesuré. L’opinion du crieur couvre celle du scientifique, tandis que les messages de haine écrasent les livres de paix.

Temps de ralentir

Il est temps de ralentir. Cet été inhabituel n’a peut-être pas été la respiration que l’on espérait. Mais il a permis une nouvelle prise de conscience face aux urgences que le monde nous impose. Urgences climatiques, urgences solidaires. Urgences de continuer à lutter contre les extrêmes de tous bords, qui alimentent la haine et le rejet. Une lutte qui passe, évidemment, par l’école. La rentrée de septembre offrira, espérons-le, un retour à la normale pour nos enfants et le monde enseignant. Un retour à une école proche, présente, importante. Le Prix Nobel Malala Yousafzai prenait récemment la parole, une nouvelle fois, pour les filles d’Afghanistan, dont les libertés sont aujourd’hui menacées. « Quand le monde entier est silencieux, une seule voix peut faire la différence. » Une voix qui passe par l’enseignement de la paix, de la solidarité et de la nuance, dans un monde en péril.